Voilà ce que raconte celui qui a été son sécrétaire et confident durant tout son pontificat :

"Jean-Paul II effectua plus d'une centaine d' "expéditions", surtout dans les Abruzzes. Au début, personne n'en savait rien, ni le Vatican ni la presse.

La première fois, ce fut presque une 'fugue'! Nous souhaitions depuis longtemps que le Saint-Père puisse non seulement skier, mais se replonger dans la vie courante des gens, donc nous avons décidé de faire une tentative en ce sens. Je ne me souviens pas de qui est venue l'idée, mais elle fut sans doute prise collectivement, à table. Quoi qu'il en soit, c'est Mgr Tadeusz Rakoczy (maintenant évêque de Biesko-Zywiec) qui a suggéré la localité choisie, Ovindoli, qu'il connaissait car il y skiait habituellement. Mais pour plus de sûreté, il alla en reconnaissance avec Mgr Jozef Kowalczyk (actuel nonce apostolique en Pologne), deux ou trois jours auparavant, pour éviter les imprévus.

Si mes souvenirs sont exacts, c'était le 2 janvier 1981. Nous sommes partis vers 9 heures dans la voiture de Mgr Jozef pour ne pas attirer l'attention à la sortie du palais de Castel Gandolfo où étaient postés les gardes suisses. C'était Mgr Jozef qui conduisait et, à côté de lui, Mgr Tadeusz faisant semblant de lire le journal, en le tenant grand ouvert pour "dissimuler" le Saint-Père, assis à l'arrière, à côté de moi. Mgr Jzef conduisait avec une extrême prudence, en respectant les limitations de vitesse et en ralentissant à la vue des passages piétons. Imaginons les conséquences d'un accident ou d'une panne de voiture!

Nous avons traversé plusieurs villages, si bien que le pape, derrière les vitres, a pu goûter des scènes de la vie ordinaire. A l'arrivée, nous nous sommes arrêtés à l'extérieur d'Ovindoli, près d'une piste, mais dans un endroit presque désert. Alors a commencé cette journée merveilleuse, inoubliable. Il y avait les montagnes tout autour et la nature toute revêtue de blanc; ce grand silence qui permettait de se concentrer, de prier. Le Saint-Père a même réussi à skier. Il était ravi du 'cadeau' que nous lui avions fait. Sur le chemin du retour, il nous a dit en souriant : "Malgré tout nous avons réussi!" Et les jours suivants il a continué à nous remercier et à se remémorer les moments forts de l'"expédition".

Pour les excursions suivantes, nous avons aussi cherché des lieux isolés. Mais, comme nous voulions parcourir certaines pistes en particulier, nous n'avons pas toujours pu éviter le monde. Après tout, pourquoi s'inquiéter à ce point? Le Saint-Père se comportait comme un skieur ordinaire. Il était vêtu comme les autres : combinaison, bonnet, lunettes noires. Il faisait la queue avec les autres; même si nous prenions la précaution de nous mettre l'un devant et l'autre derrière lui, et il empruntait les remontées mécaniques avec le skipass.

Cela semblera incoryable mais personne ne le reconnaissait. A vrai dire, qui pouvait imaginer qu'un pape aller skier? L'un des premiers à le surprendre fut un enfant de dix ans tout au plus. C'était en fin d'après-midi. J'avais pris de l'avance avec Mgr Josef. Mgr Tadeusz, après être descendu, s'était arrêté au bas de la pente pour attendre le Saint-Père. A ce moment, un groupe de skieurs de fond est passé plus bas; et voilà que ce petit garçon, manifestement à la traîne, est arrivé tout pantelant. Il a demandé : "vous les avez vus?" Et pendant que Mgr Tadeusz lui indiquait le chemin, il s'est retourné vers le Saint-Père, qui venait d'arriver. Il est resté bouche bée, les yeux hagards, puis il s'est mis à hurler : "Le pape! Le pape!" Et Mgr Tadeusz de répondre : "Mais qu'est-ce que tu dis, imbécile! Tu devrais plutôt te grouiller, tu vas les perdre..." Le petit garçon se lança sur les traces de ses amis; quant à nous, à peine arrivés en bas, nous nous dépêchâmes de reprendre la voiture et de retourner à Rome..."

                                     Extrait du livre de Stanislas Dziwisz Une vie avec Karol, éd du Seuil, pp 105-107

Un premier voyage en France qui a été l'occasion pour beaucoup de découvrir ce pape aux mille talents...
Son discours aux Bernardins a séduit un certain nombre d'intellectuels... interloqués par la profondeur de l'analyse et de la culture du St Père...

Une foule plus nombreuse que prévue à Paris avec 260 000 personnes selon les chiffres de la préfecture de police! Un accueil sur les Invalides d'un enthousiasme incroyable... Voilà que celui que l'on disait peu populaire connaît un succès qui laisse les médias un peu interloqués! Comment un pape qui n'est pas une pop star peut-il plaire autant? Et si l'attachement au St Père relevait non pas de la séduction d'une star mais de l'amour filial des croyants catholiques? Mais voilà que nous entrons dans l'ordre de la foi qui est bien loin des explications humaines immédiates... Nos journalistes passeront inévitablement à côté de ce qui fait l'attachement des jeunes catholiques au pape...

C'est fait! Après un an de préparatifs... nous nous sommes retrouvés une dizaine de jeunes de la Drôme accompagnés par le P. Damien de Villepoix pour vivre ces quelques jours de mission... intenses!               Une partie de la fine équipe...
Une petite équipe est arrivée dès le 30 juin sur place pour mettre au point l'organisation matérielle. Nous avions prévu de camper mais après avoir visité la cure, nous avons opté pour du camping... à l'intérieur. Certes nous étions un peu serrés mais nous avions une petite cour intérieure pour prendre les repas, une salle transformée en QG avec les ordinateurs, imprimantes, plastifieuses et autres outils. Nous avions également une salle de réunion et surtout nous étions à côté de l'église.
Le 2 au matin la fine équipe arrive. Dominique (séminariste) se charge de donner les grandes lignes de la mission et en profite pour glisser quelques conseils au sujet du porte-à-porte. A ce sujet, il y a sans doute chez chacun d'entre-nous à la fois une certaine impatience... et en même temps quelques appréhensions!
Après une belle messe d'envoie par un des prêtres de la paroisse, chacun ayant reçu son tee-shirt, sa casquette et sa croix, nous sommes fin prêts. Dès l'après-midi on se lance dans les ruelles de Bourdeaux à la rencontre des habitants. A chaque coup de sonnette, apparaît un visage différent, souriant ou crispé, interloqué ou agacé. Il faut vite préciser que nous ne sommes pas des témoins de Jéhova... On sent alors un certain soulagement. Certains ouvrent leurs portes, servent même un coup à boire. Nous les invitons à la grande veillée festive du samedi soir et les conversations se poursuivent parfois sur le thème de l'Eglise ou de la foi... Une dame témoignera s'être réconciliée avec l'Eglise et nous la verrons avec joie venir à la messe du samedi soir.
Chaque matin nous prions les Laudes dans le coeur de cette belle église de Bourdeaux et le soir les Vêpres. Deux temps qui sont avec la messe quotidienne les moments de ressourcement. Notre mission n'a de sens qu'en lien avec le Christ.                  Merci Alexandre pour la guitare aux Laudes et aux Vêpres...
Les jours passent et la grande veillée approche... L'excitation est palpable dans le groupe alors que nous commençons à prévoir les chants, les sketchs... Côté matériel nous sommes gâtés puisque nous bénéficions d'une excellente sono avec table de mixage, d'une scène que nous fabriquons à l'aide d'une remorque, d'un chapiteau à mettre sur la scène... Pour le repas nous allumons 3 barbecues.                                Deux pros de la cuisine gèrent un barbecue... 
La fumée commence à monter et peu à peu des gens arrivent et s'attablent sur les grandes planches que nous avons installées un peu partout à l'aide de traiteaux. Les guitares s'échauffent, de même que l'euphonium, la batterie...                      Heureusement que François et Alexandre ne manquent pas d'air! 
Dominique réussit l'exploit de faire venir tout un groupe de jeunes en leur offrant un pastis. Parmi les personnes présentes il y a des familles chrétiennes que nous avions invitées pour nous donner un coup de main. Il y a d'autres familles visiblement loin de l'Eglise qui sont de passage dans la région. Des ados sont aussi là par curiosité.                     Même des plus jeunes accrochent vraiment!
Bref le public est varié, le temps est splendide et alors que le soleil commence à disparaître en laissant des traînées orangées sur la grande toile bleue, la veillée commence.
Au début c'est un peu artisanal... les micros ne sont pas très bien réglés mais surtout l'enchaînement est improvisé... Hum!  Pourtant peu à peu nous anticipons, les chants se succèdent et le public se prend au jeu.    Sandrine dont le talent ne s'est pas démenti...
Un des grands moments fut le sketch de la recette de cuisine dans lequel nous enrôlons l'évêque. De franches rigolades éclatent. On apprend aussi laborieusement à danser le country...!                   Pour la danse country, tout le monde ne va pas dans le bon sens!

Vers 21h 30, un conte biblique vient apaiser le climat avant que soient distribuées des bougies à chacun. Les portes de l'église sont grandes ouvertes et l'on aperçoit depuis la place l'autel resplendissant de mille feux avec le Saint Sacrement exposé au sommet d'un décor unanimement apprécié.                 Un décor hors du commun pour une veillée peu commune!
Dominique invite chacun des participants à entrer dans l'église et à aller déposer sa bougie au pied de l'autel. Cela forme une grande procession lumineuse. Et quelle ne fut pas notre joie de voir s'installer au premier rang un jeune (les cheveux teints en blond) avec sa copine. Ils resteront là visiblement touchés jusqu'à la fin de la veillée de prière!
Nous proposons avec succès à ceux qui le souhaitent de rencontrer un prêtre... et après le témoignage de François sur sa joie d'être chrétien, nous remerçions l'assistance en proposant de poursuivre encore quelques intants notre adoration en silence. Peu à peu les gens se retirent et à 23h nous déposons le Saint Sacrement. Nous avons tous au fond du coeur le sentiment qu'il s'est passé des merveilles, les témoignages des jours suivants nous en donnerons la confirmation.
Mais ce n'est pas fini. Le lendemain une rando est au programme pour l'équipe des jeunes. Etant donnée la fatigue, nous évitons les sommets et nous promenons dans les collines des environs avant de célébrer la messe dans les ruines d'un chateau fort.          L'eucharistie n'est pas au centre que du tee-shirt mais aussi de nos journées...
 La bonne humeur qui aura prévalue toute la semaine est encore de rigueur et c'est après une dernier repas ensemble dans notre chère petite cure que nous nous quittons... avec déjà le désir dans le coeur de.... recommencer!

                      
Exclusif ! Retrouve la mission en vidéo sur You Tube :
                   http://fr.youtube.com/watch?v=PE14OwaPbyg